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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 06:02

Par :ZETER George  -
Gillo Pontecorvo
- ADDIO COMPAGNO BARNABA !
 

 

Né en         : 1919

Néant         : 2006

Deux dates peuvent-elles résumer un homme, un cinéaste tel que Gillo Pontecorvo ?  Cinq films de fiction pas plus. Entre 1957 et 1979, Gillo Pontecorvo s'est attaché à dépeindre les souffrances des "gens", du vulgum pecum, sans vrai parti pris, quoi qu'on en dise ; comme Primo Levi de la caméra contant d'une manière clinique des "événements" politiques ou sociaux. 

Récemment j'écrivais un papier concernant Giulliano Montaldo et son film Sacco et Vanzetti.  Le lien entre les deux hommes était patent, Montaldo fut l'assistant réalisateur de Pontecorvo sur deux de ses films, il reste donc un témoin privilégié d'une certaine forme de cinéma. D'un cinéma qui ne prenait pas des gants pour montrer à nous, les assis-passifs des salles obscures et qui par choix décidont que le défilement de la pellicule 35mm n'est pas seulement un "passe-temps", ce qui nous rend par extension des spectateurs actifs et conscients, c'est aussi une manière de visiter ou revisiter l'histoire et d'en tirer des conclusions personnelles, des conclusions qui construisent des "Si c'est un homme".

Toutes disparition est un musée-vivant qui s'éloigne ; dans le cas de Pontecorvo, un homme, témoin volontariste de son époque nous quitte, et ce n'est pas la génération "montante" qui le remplacera, bien trop occupée à regarder vers les chiffres du box office, effets spéciaux en tous genres, bimbos siliconées… Le cinéma dans son ensemble à de rares exceptions est devenu un Titanic, d'où les records financiers de ce film d'ailleurs.  L'iceberg qui nous a heurté il y a déjà un bon bout de temps, n'est pas de glace… Ou plutôt si, de glace, de celle dont on fabrique les miroirs. Après tout, nous avons les films que nous méritons, il en va ainsi des hommes politiques, des stars du showbiz ( it's no business like show business), et autres affidés. En citant Léo Ferré, "nous ne pouvons même plus nous regarder tellement nous sommes beaux".  Et oui ! Nous sommes si beaux.


Si l'on pouvait considérer l'œuvre de Gillo Pontecorvo sous l'angle du Modèle Hermann ou HBDI,
[1] en prenant plus spécialement en exemple le film La bataille d'Alger, nous pourrions la décortiquer de la façon suivante :

- Cortical gauche (pensée logique, analyse des faits) : La logique (du grec logos, raison, discours) est depuis l'antiquité l'une des grandes disciplines de la philosophie, avec l'éthique et la métaphysique. Que ce soit dans La grande strada azzura, qui décrit la vie (la survie) difficile d’un petit village de pêcheurs, Kapo qui narre l’histoire d’une jeune fille juive internée dans un camp de concentration, et qui devient l’auxiliaire des nazis, La battaglia di Algeri basée en partie sur l'histoire des souvenirs de combat du commandant Saadi Yacef dans la casbah d'Alger, Queimada, de nouveau un regard sur le colonialisme, cette fois dans les Antilles du XIXème siècle, Ogro traite du terrorisme, à travers le meurtre du successeur du général Franco et de la fin d’une dictature. Il en ressort que Pontecorvo a abordé dans ses cinq films le thème de l'oppression et sa logique Nihiliste.  L'analyse des faits exposés (encore plus particulièrement dans La batille d'Alger) conte à partir d'individus ou de faits isolés, l'imbrication entre les processus conflictuels internes aux communautés politiques à différentes échelles, et les affrontements entre peuples ; une perspective chronologique qui, dans la durée analyse les rapports entre conflits et violences, culture de guerre et manifestations paroxystiques du conflit dans les révolutions. 

- Limbique gauche (approche planifiée, organisation des faits, révision détaillée) : 1964,  Gillo Pontecorvo et Franco Solinas (son scénariste) se plongent dans six mois de recherches intensives : ils fouillent les archives de police, relisent la presse de l’époque, interrogent aussi bien des vétérans des troupes françaises que des révolutionnaires algériens. A tout cela s’ajoutent les propres souvenirs de Saadi Yacef, qu’il a couché sur papier en prison, après avoir été arrêté par les Français.

Dans une interview, Jean Martin, comédien qui interprétait le colonel Mathieu (personnage inspiré du général Massu) nous dit faisant suite à une question d'un journaliste d'Arté :

- Pourquoi Gillo Pontecorvo a-t-il fait appel à vous pour interpréter le rôle du colonel Mathieu ? 

- "À l'époque, il recherchait un comédien pas trop connu, car il souhaitait que son film soit vu comme une reconstitution historique. Or, en voyant une célébrité à l'écran, le spectateur risquait de penser qu'il s'agissait d'une fiction […] Il dit des choses importantes, notamment pour expliquer comment la France en est venue à pratiquer la torture".[2]

- Cortical droit (imagination, visualisation, conceptualisation) : le propos ici n'est pas d'entrer dans l'étude approfondie de l'imagination des divers "êtres de raison" telle que véhicule dans l'Organon Aristote, mais certainement, Pontecorvo nous a mis devant un modèle de représentation, son principe n'est pas d'abord à inventer, mais à découvrir.  Il faut dans ce cas présent chercher à comprendre quelle est la structuration de l'imagination impliquée dans le rapport entre l'universel et le singulier entre le prédicat et le sujet d'une énonciation :

"Je crois plus à la capacité du FLN à vaincre la France qu'à celle de la France à s'opposer à la marche de l'Histoire." Ces mots prononcés par le chef de réseau Ben M'hidi traduisent le point de vue de Pontecorvo : l'indépendance était inévitable". [3]

 

La visualisation s'établit par : […] Le début du film nous remet dans la situation du spectateur de 1965 : une séance de torture vient d'avoir lieu. Comment en sommes-nous arrivé là ?  

La conceptualisation elle, est le cœur d’une réflexion et l’articulation d’une pensée singulière. En cela Pontecorvo ne nous déçoit pas : […]  Mais si le cinéaste compose son film en historien attentif, (Ou concept de visualisation objective), il filme l'irruption de la violence en humaniste horrifié (concept de visualisation subjective) Il suit une femme qui va poser une bombe dans une cafétéria de la ville française. Le spectateur partage son angoisse au moment du passage du poste de contrôle, sent son trouble en voyant la foule d'innocents qui vont mourir. Puis, une fois la militante partie, la caméra le ramène dans ce café quelques secondes avant l'explosion, pour regarder en face ces vies qui vont être fauchées.

- Limbique droit (réaction viscérale, réponse sensible, approche relationnelle) : à une autre question adressé à Jean Martin :

- comment s'est déroulé le tournage ?  Celui-ci répond,

- "Pontecorvo refusait toute théâtralisation […] Nous avions aussi de longues discussions.

(Approche relationnelle)  Il voulait être le plus clair possible sur la signification des scènes. Il souhaitait à tout prix éviter qu'on pense qu'il était de parti pris. (Rationalité, manque de réactions viscérales négatives pour l'œuvre)  "De mon point de vue, il a parfaitement contourné cet écueil : le film ne glorifie ni les Français, ni les Algériens, et montre les victimes des violences des deux côtés". [4] (Réponse sensible)

 

Enfin, en 1983, cet homme engagé a déclaré au Guardian britannique : "Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de Juifs Italiens".[5]

 

Cher Barnaba, (c'était ton nom autrefois dans la résistance contre les nazis) tu as passé le test Ned Herrmann haut la main ! Toutefois, je dois te dire que le test Ned Herrmann, (ancien Directeur de la Formation au Management de Général Electric, en vue d'améliorer la performance des cadres et notamment leur interaction en travail de groupe), et comme il est écrit : Rares sont ceux qui se situent à fond dans un quadrant. Chacun a en revanche une tendance à préférer, de façon inconsciente, un certain mode de pensée, une certaine appréhension du monde. Nous avons des "préférences cérébrales" qui conditionnent nos modes d'apprentissages, nos processus de décision, nos réactions aux stimuli qu'on nous propose...[6] Heureusement, tu n'es pas devenu cadre de l'Oréal, et mille fois merci pour les stimuli libertaires que tu nous a proposé ; rien n'est vain… Dans La Stampa du vendredi 13 octobre, pages, Spettacoli & Cultura, tu es décrit comme :
 

"Un des réalisateurs qui a le plus influencé la culture cinématographique de l’après guerre".

Rien n'est néant, et je suis certain qu'avant de partir tu as pensé: Restont vigilant !

G/Z/Mars/2009

Lien: http://divergences.be/spip.php?mot68    

 

Filmographie

La Grande route bleue (La grande strada azzura), 1957

Kapo, 1959

La bataille d’Alger (La battaglia di Algeri), 1965

Queimada, 1971

Ogro, 1979

 



[1]Le glossaire du succès. A partir d'un questionnaire de 120 items portants sur les goûts et activités préférées, Ned Herrmann extrait une représentation graphique synthétique qui permet d'identifier les modes de traitement préférentiels d'une personne: Cortical gauche : pensée logique, analyse des faits - Limbique gauche : approche planifiée, organisation des faits, révision détaillée. Cortical droit : imagination, visualisation, conceptualisation-

Limbique droit : réaction viscérale, réponse sensible, approche relationnelle,

≤ http://www.success.tm.fr/coaching,hbdi-modelehermann,formation,page,index,mod,glossaire,theme,5,mot,58,leadership,174,bloc,7.fr.html ≥

[3] Idem

[4] Site consulté le 14/10/2006.

 ≤ http://www.arte.tv/fr/cinemafiction/La_20bataille_20d_27Alger/671712,CmC=672224.html ≥

[5] Idem

[6]Article écrit par Alain Strazzieri. Le modèle Herrmann des préférences cérébrales a fait son entrée dans le cours de comportement du consommateur. Site consulté le 14/10/2006

http://www.herrmann-europe.com/fr/marketing.html

 

 

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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 05:24

Par : ZETER Georges-
René Viénet, « le Western Soja » en sous-titré

 

 

René Viénet, cinéaste et sinologue français né au Havre. Il a vécu 20 ans en Chine et à Taiwan.

Il se fait d'abord connaître comme membre de l'Internationale situationniste au cours des années 60. S'inspirant des techniques cinématographiques popularisés par Guy Debord, il réalise La Dialectique peut-elle casser des briques ? (1972), premier film entièrement construit par le procédé de détournement de l'histoire du cinéma.

Très critique en ce qui concerne le Maoïsme, il est l'un des premiers en France, à dénoncer ouvertement le totalitarisme chinois. Parallèlement à sa carrière cinématographique, il travaille comme chercheur au CNRS durant les années 1970 ; il enseigne également le chinois à polytechnique de 1974 à 1978.

Il a dirigé la « Bibliothèque Asiatique » pour les éditions Champ libre et a fondé une maison d'édition qui porte son nom, laquelle a publié une biographie d'Olympe de Gouges.

Depuis 2007, René Viénet est directeur de la rédaction de la revue Monde chinois, publiée par les éditions Choiseul.

Imaginez le film Mission Impossible
commençant par : Afin de combattre la pénétration de l'idéologie chauvine dans les couches de la petite bourgeoisie, nous avons dit ouvertement, non pas comme "l'Humanité" l'a écrit ce matin par erreur, " nous aimons notre patrie", mais " nous aimons notre pays .
[1]  Alors Comrad ! Votre mission est de combattre la pénétration, car si vous combattez la pénétration, vous combattrez les pénétrateurs ! Cette cassette se détruira par elle-même dans cinq secondes… Boum ! La cabine en ligne directe avec Marx Karl explose, René Viénet va boire un coup ou se fait interviewé par Radio France.[2]


Tout cela pour dire que : conter peut être la construction de situation qui « serait la réalisation continue d’un grand jeu délibérément choisi ».
[3] Mais ça peut être aussi, l’histoire d’une conversation d’un cuisinier structuraliste[4] à un charcutier saussurien[5] : l’ambiguïté du rôti étant intrinsèque, celle du fumé et du bouilli est extrinsèque, puisqu’elle ne tient pas aux choses mêmes, mais à la façon dont on se conduit envers elles… Rapportée à l’image, la vision vraie s’entrechoque avec la reconstruction subliminale ; nous pouvons réinventer l’attraction, je dis bien l’attraction souveraine ; comme une utopie florissante, milieu du XIXème siècle, Fourier désignant, dans le titre des passions… Si tant est que les passions aient un titre… Titre d’un film de René Viénet, Les filles de Kamare,[6] un navet porno soft Hongkongais, détouraconté par un dialecticien communiste, appuyé par des sous-titres ad hoc. Recette : Détourner les « dialogues » en Chinois, par un contenu subversif en Français/Anglais hors de propos et inattendus. Le détournement a un effet cautérisateur : ludiciel-rythmé en causticités « bienveillantes » et stimulatrices, en un but de dérision « totale » des valeurs esthétiques établies, tout cela achalandé savoureusement par Viénet René : Dans une salle de classe des jeunes femmes, nues, argumentent à propos des « « erreurs dialecticiennes Bakouniniennes »… Et ce n’est que le début du film Les filles de Kamare

Les filles de Kamare et bien d’autres pochades Hongkongaises de la même tenure étaient achetées à bas prix et distribuées par la Société de l'Oiseau de Minerve, elles passaient dans un cinéma d'Art et d'Essai situé rue de l'Ecole de Médecine. Tout commença par une pénurie de traducteurs chinois. René Viénet entra en scène si j’ose dire : doubler les dialogues tout en les détournant totalement en utilisant une dialectique totalement décalée ; Les Maîtres Taoïstes citaient donc allègrement du Mao, du Engels ou du Kierkegaard tandis que les prêtres Shaolin déclamaient du Liu Chao Shi, du Paine et du Louise Michel, tout en se massacrant à tour de bras. On nommait ces films, films de « Kung-fu » ou « Western Soja ». Les situationnistes les appelaient films « Wou Sa Pien », il est vrai que cela sonnait plus chic-tuationniste.

Dresser un biographie dans cet article n’est pas mon propos, je ne peux qu’extraire un passage d’un interview donné par René Viénet dans le Figaro du 8 septembre 2006 : […] En 1971, Simon Leys pour avoir écrit « Les habits neufs du Président Mao » fut condamné par les sinologues français à ne jamais enseigner en France. Pour avoir été son éditeur, et avoir récidivé en publiant quelques autres titres, depuis devenus des classiques, et surtout pour avoir réalisé le film Chinois, « encore un effort pour être révolutionnaires », je fus à deux reprises exclu du c.n.r.s., à l'unanimité, par sa section 38 […] [7]

Ce que l’on peut avancer concernant René Viénet est que sa pensée à contre courant et dès la fin des années 60, ce sinologue dénonçait Mao et le Maoïsme, alors que bien des intellectuels français dans un parfait ensemble encensaient « l’œuvre réformatrice du Grand Timonier » : En 1974, Roland Barthes, grand maître des lettres françaises, se rend en Chine accompagné de Philippe Sollers et Julia Kristeva. Ils en reviennent époustouflés. Sollers, déclare avoir vu la   « vraie révolution antibourgeoise ».[8] Julia Kristeva écrit : « Mao a libéré les femmes » et  « résolu la question éternelle des sexes ». Quant à Christian Jambet et Guy Lardreau, ils déclarent en 1972 : « Mao est la résurrection du Christ, le petit livre rouge, la réédition des Évangiles ».[9] Les « frasques » de Mao feront tout de même entre 40 et 60 millions de morts et dix fois plus de victimes internées dans des camps de travail. Encore une « nouvelle évangile » payée au prix fort… Quant à Viénet, il fut expulsé de Chine en 1966.

Ceci étant posé, ce qui m’amène est René Viénet, le cinéaste et non ses vicissitudes rencontrées. Quatre films politiques plaçant le « modèle » chinois devant ses contradictions : « Mao par lui-même », « Chinois encore un effort pour être révolutionnaire », «La Dialectique peut-elle casser des briques ?» et «Une petite culotte pour l’été». Tout un art de se payer la tête de « l’ultime » pékin… La technique situationniste du détournement d’éléments culturels existants pour de nouveaux objectifs subversifs. […] À la fois dans son contenu sociocritique et dans sa forme autocritique, il présente un contraste frappant aux pleurnicheries réformistes […] En détournant contre lui-même le pouvoir persuasif du cinéma […] Bref, « le détournement est le seul usage révolutionnaire des valeurs spirituelles et matérielles par la société de consommation ».[10] Le situationnisme fut entre les années 1950 et 1970 considéré comme une idéologie anarchiste intellectuelle, qui critiquait les dérives de nos sociétés de consommation capitalistes et qui prônait une révolution permanente de la vie quotidienne, en remettant en cause chaque ambiance et situation momentanée de la vie. Selon Guy Debord : « Après l’échec de toutes les révolutions prolétariennes et la tendance du capitalisme moderne à devenir avant tout une industrie du spectacle, seul le détournement du spectateur peut vaincre le capitalisme ».[11] La praxix situationniste a donc été en son temps une tentative de révolution de l’art, vers l’art de la révolution ; dégager l’individu qui n’a quasiment aucun contrôle sur sa propre destinée où l’art ne représente plus aucun intérêt, sauf marchand vers une prise de conscience tel que Stirner la définissait : « Il n’y a pas d’autorité en dehors de ma propre expérience vécue ; c’est ce que chacun doit prouver à tous ». [12] 
Insister sur le fait qu'aujourd’hui où le spectacle est en passe d'avoir accompli la destruction systématique de tout vécu, le sexe ne peut qu’être qu'une cible incontournable : la pornographie est une des toutes premières marchandises en volume, en présence, en accessibilité, réduisant déjà ce qu'il peut y avoir de singulier dans le corps humain à néant.  Le film de Viénet Les filles de Kamare reste une antidote libidique organisée autour des deux actrices principales - Teruo Ishii et Norifumi Suzuki, placée sous les hospices de l’humour, qui ne vient tant d’une satire d’un genre cinématographique absurde que de la sape du rapport spectacle/spectateur au coeur d’une société absurde, car après tout s’auto regarder, (entre moi et moi) n’a jamais coupé les ailes à une souris… Les personnages critiquent l’intrigue, leur rôle et la fonction des spectacles en général, ils neutralisent constamment la tendance des spectateurs à s’identifier avec l’intrigue, le héro, en leur rappelant que la véritable aventure, ou son absence, se trouve dans sa propre vie…
Mais « L’industrie » veille au grain, le spectacle ingère dans le spectacle lui-même son propre détournement, les théoriciens actuels se posent toujours la question si le situationnisme était (est) une théorie Nihiliste, ou plutôt d’essence nihiliste passif ou actif ? Et nous comptons les points…Passivement ou activement, tout dépend où l’on se situ - Le désordre c’est l’ordre moins le pouvoir ! Chantait Léo Ferré, alors, je me dis que des situationnistes tels Debord[13] m’ont apporté un peu « le sens de l’appropriation de mon temps » ; d’ailleurs, je suis dans la cabine téléphonique, j’écoute le message sur la cassette de Mission Impossible, j’arrête l’enregistrement (mettant ainsi fin à ma mission, la cabine n’explosera pas), et je m’en irai pas à pas (ou peer to peer) enregistrer gratuitement sur le site www.ubu.com,[14] des films situationnistes sous-titrés... Vous avez vécu la vie, maintenant vous pouvez finalement en voir le film !
G/Z/Mars/2009

Filmographie non exhaustive…

 - La dialectique peut-elle casser les briques ?1972

- Encore un effort pour être révolutionnaires, 1973

- Mao par lui-même, 1977

- Du sang chez les Taoïstes, 1977

- Dialogues entre un maton CFDT et un gardien de prison affilié au syndicat CGT du        personnel pénitentiaire

- Une soutane n’a pas de braguette (toujours interdit en France à ce jour)

- L’aubergine est farcie, 1975

- Une petite culotte pour l’été

- Les filles de Kamare, 1974



 



 

 

 



[1]Damon, Mayaffre, CNRS, Nice. Temps lexical ou temps politique ? Sans date, consulté le : 03/10/2006.

< http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/numero2/mayaffre2000.html >

[2] Emission de radio du lundi 22 mars 2004 : René Viénet, l'enfant terrible de la sinologie par Hélène Hazéra

< http://www.radiofrance.fr/chaines/franceculture2/emissions/avoixnue/fiche.php?diffusion_id=20570 >

[3]Guy, Debord. Présente POTLATCH 1954-195. (Paris : Gallimard, 1996). p.51

[4] Le Structuralisme est un courant des sciences humaines qui s’inspire du modèle linguistique et appréhende la réalité sociale comme un ensemble formel de relations. < Http://fr.wikipedia.org/wiki/Structuralisme >

[5] Julien, Greimas. L’actualité Saussurienne. […] L’originalité de la contribution de Ferdinand de Saussure réside, dans la transformation d’une vision du monde, et qui consiste à saisir le monde comme un vaste réseau de relations […] en une théorie de la connaissance et une méthodologie linguistique.
< http://www.revue-texto.net/Saussure/Sur_Saussure/Greimas_Actualite.html >                                                                 

[6]Téléchargeable sous le site : < www.acte-gratuit.net/regarde-sans-tes-yeux-comme-tu-fais-du-velo-sans-les-mains.html >

[7]Le Figaro, 08/09/2006 Mao : Arrêts sur images, par René Viénet. Consulté le 5/10/06. Viénet fut expulsé par le CNRS en 1971 et 1978. http://www.lefigaro.fr/debats/20060907.WWW000000420_mao_arrets_sur_images.htm

[8]Dans/ La Lettre des Libéraux : Mao où l’étrange fascination française pour le sado – marxisme.  Consulté le 4/10/06 -
< http://www.cerclesliberaux.com/la_lettre_des_liberaux/15_09_2006/article6.htm >

[9] Idem.

[10] Raoul, Vaneigem. Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations. (Paris : Gallimard, 1967) p. 332

[11]Guy Debord, sociologue et fondateur du courant situationniste.  Auteur de six films entre 1952 et 1978.

< http://geronimoz.free.fr/anthologie_du_detournement.htm >

[12] Idem, op. cit, p.253

[13] La société du spectacle. Un Film de Guy Debord de 90 minutes.

[14]Vous pouvez y téléchargez (légalement et gratuitement) les films de Viénet et autres, je vous recommande aussi d’aller voir du côté des : DOCUMENTS SITUATIONNISTES 1969-1970 Réédition 2000. A lire aussi de Thomas Genty : La critique situationniste ou la praxis du dépassement.

 < http://library.nothingness.org/articles/SI/fr/display/225 >

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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 19:42

Zeter Georges  -
À Emir Kusturica  pour sa présidence du festival de Cannes 2005

  La marée je l’ai dans le coeur
Qui me remonte comme un cygne

Je meurs de ma petite mort

De mon enfance

Et de mon signe

Merci à toi Emir…

Qui entrechoque

Aux ras des rocks

Les chevaux rares

Qui se bastillent…

 

Papa est en voyage d’affaires’

Comme le tréma est de juillet

Des taupes s’aiguisant les dents

A pleine poignées de vers

Où luisent des crocs de chien

De pain de sucre

Et d’aptitudes…

 

De “ Le temps des gitans

Dilués en meute

Où s’entredévorent des loups

De mer

Que nous libérons sur parole

Et qui gueulaient dans le désert

Des goémons de nécropole

A s’en peter les corde

Vocales et évoquer

Les mornes plaines

 

D’un 'Arizona Dream

Et faribole…

Hypothétique jusqu’à tu pleures

Encore en ces temps là

Quant Hollywood au fond de toi

Tout sec, t’extirpait les tripes

Le fric, le pouvoir et l’encens

Des hommes bagagistes

Des hommes de chimères et polémiques

Heureusement pour toi

Heureusement…

 

Sous l’Underground

Réside la mère et la terre

Un doigt  de sable qui brille

De mille aires

D’êtres empruntés de rectitude

Semblant contrecarrer l’hébétitude…

 

De Chat noir, chat blanc

Au banc des affolés

N’oublie jamais

Le camp des isolés

Mécréants de Danube

Qui aiment le battement

Des lèvres de Vodka…

Je voulais simplement  parler de toi

 

Car La Vie Est Un Miracle

N’est-il Pas?

 

Alors Emir, joue de la guitare à t’en fendre la gueule à chaque concert de No Smoking Orchestra”. Nous ne sommes que castagnettes de figure ; dans les vents résiduels… La plénitude… Comme des moutons d’infini, des images, des sons et encore plus fort la magnitude des sentiments à jamais enfouis nous révélant : ho! Combien  la vie… Inénarrissible.

 

J’ai comme toi la mémoire des étoiles…

 
G/Z/Mai 2005

 

Papa est en voyage d'affaires qui lui permet de remporter la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1985.  Le Temps des Gitans, une manière de poème baroque où les aspects les plus cruels de la vie côtoient un lyrisme quasi surréaliste et qui lui permet de remporter le prix de la mise en scène à Cannes.  En 1993, il tourne aux Etats-Unis Arizona Dream, avec Johnny Depp, Jerry Lewis et Faye Dunaway, « une expérience infernale » suivant ses termes.  Il remporte deux ans plus tard une deuxième Palme d'Or à Cannes pour Underground, fresque tumultueuse sur l'histoire de l'ex-Yougoslavie à travers une amitié trahie. En 1998, il reprend le chemin des plateaux pour la farce débridée pour Chat noir, chat blanc. En 2004, La Vie est un miracle, nouvelle comédie furieuse et bondissante, est présentée à Cannes. L'année suivante, il prend la tête du jury de la compétition officielle.

Emir Kusturica est né le 24 novembre 1954 à Sarajevo, en République fédérale socialiste de Yougoslavie (actuelle Bosnie-Herzégovine), c’est un cinéaste, producteur, scénariste et acteur, lauréat de deux Palmes d'Or au Festival de Cannes, et un musicien.


FILMOGRAPHIE

1981 : Te souviens-tu de Dolly Bell ?

1985 : Papa est en voyage d'affaires

1988 : Le Temps des Gitans

1993 : Arizona Dream

1995 : Underground

1998 : Chat noir, chat blanc

2001 : Super 8 Stories

2004 : La vie est un miracle

2005 : All the invisible children

2007 : Promets-moi

2008 : Maradona


G/Z/Mars/2009

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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 19:25

par: Zeter Georges  -
Pedro… Amigo !

Pedro Almodovar

Réalisateur, Scénariste, Producteur
Date de naissance: 24 septembre 1949
Lieu de naissance:
Espagne

Dans un article du Monde2
, (25-26 avril 2004), Juan José Millas du journal El Pais traduit par François Maspero titre : Almodovar à Cannes : Don Pedro De La Mancha. Moi je dirais plus : De La Mancha de Don Pedro… sort un cinéma qui n’a rien à voir avec le Cervantisme : Pedro sur son âne perché ne regarde pas les ailes des moulins tournoyer, mais plutôt, des porte-jarretelles agités Movida. L’hyperréalisme d’un Helmut Newton sauce Tapas.  Tout y est sangre e negro. Voir un film de Pedro, c’est descendre dans l’arène et se mesurer à des taureaux bleus à cornes fluo ; les bestiaux ont même appris à parler, mais ne connaissent qu’un mot : la muerté ! La mort ! Les cris de gorge des chicas Alléluia ! Répondent en échos formés aux guitares mariachis hallucinées : la lumière rouge et noire nous engouffre dans un tunnel qui sent la viande et le sang à croire qu’Aldomovar nous emmène vers l’hémoglobine ultime, ne se débinant pas Cabron ! Sur un comptoir inconnu des hommes chantaient que viva ! Il nous en restera Tequila et Salsa.

 Un must, cet Aldo - extraordinairementfantasticoparamedicalcosmic, cousin d’un Dali del norte !  J’aime cet hombre ! Ce mec-nec plus ultra car même ta sœur ne pourra jamais se peindre les lèvres aussi rouges prostituées Aldomovianes.

 

Il est la quintessence de L’AAArtiste ultime comme disait Nietzsche.  En soit un amigo de génie qui nous fait bidonner sur ses entrechats 35 millimétrés, péloche et cateras… en bref, un maniaco/caméro/nerviotique - nervi-ultimo-multi-résidiviste ; En bref, un ultima qui dérange.

Je pense que l’œuvre d’Aldomovar est un chef œuvre collatéral.

 J’ai eu trop de plaisir à l’écrire… Alors, ainsi soit-il.

G/Z

 

PEDRO’S FILMOGRAPHIE

 

-          Pepi Luci Bom Yotras Chicas Del Monton, 1980

Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier

-          Laberinto de pasiones, 1982   

Labyrinthe des passions. 

-          Entre tinieblas, 1983               

Dans les ténèbres. 

-                     Qué he hecho yo para merecer ? 1985           

-                     Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?

-                     Matador, 1986

-                     La ley del deseo, 1987

-                     La loi du désir

-                     Mujeres al alborde de un ataque de nervios, 1988

-                     Femmes au bord de la crise de nerfs

-                     Atame ! 1990                         

-                     Attache-moi !

-                     Tacones lejanos, 1991

-                     Talons aiguilles

-                     Kika, 1993

-                     La flor de mi secreto, 1995     

-                     La fleur de mon secret

-                     Carne tremula, 1997               

-                     En chair et en os

-                     Todo sobre mi madre, 1999   

-                     Tout sur ma mère

-                     Habla con ella, 2002               

-                     Parle avec elle

-                     La mala educacion, 2004        

-                     La mauvaise éducation

 

G/Z/ Mars 2009

 

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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 19:11


 par: Zeter Georges -  A Louise Brooks.          

 

Me référant au livre Lulu in Hollywood, Lotte H. Eisner alors critique de cinéma décrit sa première rencontre avec Louise Brooks durant le tournage à Berlin de Diary of a Lost girl (1927) sous la direction du réalisateur Allemand G. W. Pasb qui par la suite deviendra son mari : “Pasb me présentait l’héroïne du film, une jeune fille Américaine d’une beauté fascinante, elle était assise et lisait une traduction de Schopenhauer, “Essay”.  Bien sur je pensais que c’était un truc publicitaire inventé par Pasb, car il était connu que je possédais un Doctorat en Littérature. Malgré tout, je devenais de plus en plus intriguée par le pouvoir presque magique qui émanait de cette étrange jeune femme. J’observais le travail de Pasb, et tombais sous le charme de Brooks; une curieuse mixture de passivité énigmatique et de présence.” [...] Ces impressions revinrent bien plus tard en 1952 alors que je préparais mon documentaire “L’écran Démoniaque”. Quelques temps après je rencontrais à nouveau Louise Brooks à la Cinémathèque Française de Paris et ne pouvais résister à l’envie de lui demander si vraiment elle lisait le livre de Schopenhauer quelle avait en mains. Elle l’avait lu ainsi que Proust et bien d’autres.  Cela m’apprit à admirer sa capacité étrange d’être une créature de rêve tout en étant d’une intelligence aigue.  Nous devines amies, et lors de la conclusion de mon Documentaire “L’écran Démoniaque” je ne pouvais ne pas mentionner “Qu’aujourd’hui on sait que Louise Brooks n’est pas seulement une personne ravissante, mais surtout une grande actrice dotée d’une incroyable intelligence.”

 

D’avoir fait parler Lotte H. Eisner était la meilleure manière de faire comprendre qui était Louise Brooks ; un être pour son temps “paradoxal.”

De Street of Forgotten Men (1923) à Overland Stage Raiders (1938) Louise Brooks a tournée dans vingt quatre films.  Mais sa vraie carrière se situe pendant l’époque dorée du cinéma muet où sa présence magnétique a fait entrer dans le Golgotha de l’histoire du cinéma The Pandora Box, film Allemand de 1929 par G. W Pasb; dans ce film Louise Brooks interprète le premier rôle de lesbienne du cinéma. Malheureusement son caractère indépendant, son désir de partir tourner des films à l’étranger, en autre un en France (Prix de beauté par Augusto Genina 1930) et son non- respect des codes Hollywoodiens, lui créèrent l’animosité du Mogul Jack Warner, qui orchestra dans les coulisses de la profession la rumeur selon laquelle “elle possédait une voix d’idiote” l’éliminant de facto pour des rôles parlant. Il est à signaler qu’Hollywood s’est toujours arrangé pour détruire ses “génies”, le meilleur exemple étant Orson Wells.

 

Louise Brooks dit adieu aux paillettes sans aucun regret et devint peintre et écrivain de talent sans chercher la gloire… Quelle avait connu dès l’âge de quinze ans comme danseuse des Ziegfeld Follies.  Elle fini sa vie protégée par la richissime famille Eastman à New York et jusqu’à son dernier souffle ne se trahie jamais.

En conclusion, chère Louise Brooks, Mabelle, my friend, soul mate…Hello ! Lulu ! (Prononcé Loulou) from. Hollywood, tête de chien au carré, un “cat.” tu étais dans le langage “jive” des noirs de Harlem, cela voulait dire : “à la cool.”

 

LOULOU A HOLLYWOOD - Mémoires

Auteur(s) : Louise Brook

Éditeur : Tallandier

Collection : TEXTO

Présentation par l'éditeur

On n'a pas tout dit, loin s'en faut, de Louise Brooks quand on a dit qu'elle avait le plus beau visage du monde. Car c'est toute sa tête - pour reprendre le mot de Montaigne - qui était bien faite : on s'en convaincra aisément à la lecture des textes de Louise ici réunis. Elle en était parfaitement consciente et elle a eu le courage d'assumer son intelligence plutôt que de se laisser enfermer dans sa seule image, cette représentation d'elle-même que d'autres souhaitaient imposer.

D'où son mépris - radical ! - à l'égard de ceux qui s'en tenaient aux apparences. D'où cette franchise parfois brutale et ce goût forcené de l'indépendance qui, s'ils furent sans doute un obstacle à une carrière fulgurante, ont fait de celle qui donna ses traits à Loulou pour l'éternité un mythe vivant et une icône à jamais. D'où enfin le culte que ses admirateurs -cercle toujours renouvelé, et comment ne pas s'inscrire parmi eux ? - lui vouent depuis des décennies. C'est à la femme Louise Brooks que j'ai souhaité, par la publication de ses textes, rendre hommage.

 

 G/Z/Mars 2009

 

 

 

 

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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 11:22

Par: Zeter Georges  -
JOHN CASSAVETES ou la MAÏEUTIQUE FILMIQUE


cassavetessmall.jpgCourte Biographie :

John Cassavetes (9 décembre 1929 à New York + 3 février 1989 à Los Angeles) est un acteur, scénariste et réalisateur américain.

Il commence sa carrière comme comédien. Il endosse plusieurs rôles d'abord au théâtre puis à la télévision, dans des séries télévisées dont la plus connue est Johnny Staccato. Sa notoriété prend forme quand il passe au cinéma, notamment dans Face au crime (Crime in the streets) de Don Siegel. Mais c'est surtout derrière la caméra, en tant que cinéaste, que John Cassavetes va se distinguer. Il sort en 1961, (Shadows), réalisé avec une troupe amateur et avec ses propres moyens. Le film engage le réalisateur et le cinéma américain dans la voie de l'indépendance. En rupture avec l'industrie hollywoodienne avec laquelle il a une courte et décevante expérience, son cinéma évolue dans un style qui lui est propre. Faces, Une femme sous influence, (Opening Night) persistent dans une dynamique indépendante. Il libère le jeu d'acteur qu'il place au centre de son dispositif cinématographique et focalise son œuvre sur la classe moyenne américaine.

Ses films révèlent le talent de son épouse Gena Rowlands et de plusieurs de ses amis tels Peter Falk ou Ben Gazzara. Cinéaste reconnu pour son style personnel privilégiant le jeu de l'acteur, et pour sa désinvolture à l'égard de la technique cinématographique, il marque les générations suivantes de réalisateurs américains.

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Si John ne s’était pas appelé Cassavetes, il se serait appelé John Socrateves ou  John Cassacretes, d’ailleurs, ce pâtre 35 millimétré d’ascendance Grec[1]... De plus marié à Gena Rowland, sa CLIO, son Histoire - […] History is an inescapable part of our collective consciousness; nevertheless, every man unconsciously recollects personally some haphazard fragments of history. The Greek’s civilisation had had to express it;  this truth by describing CLIO, the muse of history, as the daughter of memory, who could had never betrayed the visionary, the beauty and  ruthless  unless to fade out – disappearing […].[2]  La mémoire, la vérité. Ainsi John Cassavetes traversa sa vie, la vie ; en nous apprenant que nous en savions beaucoup plus de nous-mêmes, que nous z’avions l’air…

 

Le mot maïeutique[3] vient de Socrate, il désigne une méthode d'enseignement, de transmission qui contrairement à la didactique[4] ne prétend pas donner le savoir de l'extérieur, mais aide à le trouver en soi-même. Ce mot vient du grec maieutikê, signifiant : art de l'accouchement. Utilisé dans le sens d'accoucher les esprits, c'est-à-dire de faire découvrir à l'interlocuteur (spectateur) des vérités qu'il porte en lui.

Dans les films de John Cassavetes le spectateur moulé dans son siège rouge, des papiers épars étalés au sol, des pop-corn défraîchis et quelques chewing-gums malvenus collés aux sièges a cependant les yeux fixés sur l’écran, et tel une mouche - ses yeux sont composés de plusieurs milliers de facettes correspondant à des « unités » de vision, les « ommatidies, donc tel qu’André Bazin définissait ainsi : «  […] l’image est encore trop engagée dans la réalité pour n’être pas chargée d’une certaine polyvalence métaphysique. »[5] Car regarder c’est commencé à re - comprendre.  Dans des films tels que  A Woman Under the Influence (1974) ou Opening Night (1977) John Cassavetes reproduit l’un des fondements maïeutiques Socratique : que la condition de la prise de conscience ;  c'est la parole, la parole ordonnée et féconde de l'homme (la femme en l’occurrence) qui se cherche et recherche en lui (en elle) - même.[6]  En rejoignant la théorie métaphysique du cinéma d’André Bazin: « […] le plus souvent du reste nous ne choisissons pas entre les images possibles ; elles ne  parviennent même pas jusqu’à notre conscient, mais leur virtualité est obscurément ressentie ;  et c’est elle qui donne à l’image sa densité aesthétique » [7]


Et Dieu (s) sait si les Grecs étaient tournés vers l’aestétique/esthétique 

(du grec aisthèsis -sensation).
Bien plus tard, Kant, ne disait-il point « qu'une œuvre d'art doit fournir un objet sensible, qu'il soit lui-même beau ou laid importe peu au final,  la beauté artistique est la belle représentation d'une chose et non la représentation d'une belle chose ».[8]

En ce qui me concerne, John Cassavetes était un accoucheur de cœur ouvert : « J'exerce ! »  Disait Socrate « le même métier que ma femme; accoucher… Les esprits sont ma tâche, et non pas d'enfanter, qui est l'affaire du dieu - femelle (Platon-Théetète). L'accoucheur spirituel n'apporte, ne transmet rien à l'âme qu'il éveille. Il la laisse nue en face d'elle même. »[9]

 

Alors ? Discours et raison, maïeutique ou didactique, ces raisons ne s'opposent pas à l'intuition, mais aux certitudes de première main, aux certitudes irréfléchies qu'on a sans le savoir et sans savoir d'où on les tient, et oui, nous retenons des fils délabrés, épars et réels inscrits dans un continuum, qui prêt à basculer dans le virtuel nous susurrent que la dénomination maïeutique transcendantale a pour avantage de désigner conjointement l'objectif visé à savoir : la transcendance spirituelle, et la méthode utilisée, l'art de découvrir en soi-même « le mono-dialogue introspectif » ;  c'est-à-dire, s’accoucher soi même d’un esprit accoucheur, d’un cinéaste, d’un philosophe ou d’un ouvrier qui à chaque pièce y pose un symbole de sa vie qui fout le camp…

 

Peut-être que l’âme de John, Socrateves/Cassacretes nous étreint-t-elle ? Et en citant Cervantès en guise de conclusion : « Chacun de nous est comme Dieu l'a fait, et bien souvent pire ».


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Filmographie
Complément de biographie: http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Cassavetes

 

  1959 : Meurtre en do majeur (Murder for Credit), Le Prédicateur (Evil) et Un coin de paradis (A Piece of Paradise) - épisodes de la série télévisée Johnny Staccato

  1960 : Le Faussaire a les nerfs (Night of Jeopardy) et Solomon - épisodes de la série télévisée Johnny Staccato

  1961 : Shadows

  1961 : Too Late Blues ou La Ballade des sans-espoirs

  1962 : A Pair of Boots et My Daddy Can Lick Your Daddy - épisodes de la série télévisée The Lloyd Bridges Show

  1963 : Un enfant attend (A Child Is Waiting)

  1966 : In Pursuit of Excellence - épisode de la série télévisée Bob Hope Presents The Chrysler Theatre

  1968 : Faces

  1970 : Husbands

  1971 : Minnie et Moskowitz ou Ainsi va l'amour (Minnie and Moskowitz)

  1975 : Une femme sous influence (A Woman Under the Influence)

  1976 : Meurtre d’un bookmaker chinois (The Killing of a Chinese Bookie)

  1978 : Opening Night

  1980 : Gloria

  1984 : Love Streams ou Torrents d'amour

  1985 : Big Trouble

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[1] http://www.evene.fr/celebre/biographie/john-cassavetes-18797.php

 

[2] G/Z, mémoire de Master : Université Stendal, Grenoble, 2005

 

[3] http://antomoro.free.fr/artlal/txtlal/socrate/socrate_am_v2.2.html

 

[4] Bachelard, Gaston: Le nouvel esprit scientifique. 1968.

 

[5] Bazin, André in : Henri Agel. Métaphysique du cinéma. Paris : Petite Bibliothèque Payot. 1976

 

[6] Michelin, Sauvage. Socrate et la conscience de l'homme – Paris : Editions Albin Michel, 1962. Pages 109 à 111.

 

[7] Bazin, André  in : Henri, Agel. Métaphysique du cinéma. Paris : Petite Bibliothèque Payot. 1976

 

[8] Dumouchel, Daniel. Kant et la genèse de la subjectivité esthétique. Paris: Librairie Philosophique J. Vrin, 1999. 305 pp.

[9]Michelin, Sauvage - Socrate et la conscience de l'homme – Paris : Editions Albin Michel, 1962. Pages 208

 



G/Z/Mars 2009
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